Gigondas, le 23 octobre 2007

Lorsque le 8 septembre 1859 Frédéric MISTRAL consacre à Alphonse LAMARTINE son éblouissante « Mirèio » il lui avoue, en provençal bien sûr :

« es moun cor e moun amo »
(c’est mon cœur et mon âme)

LAMARTINE lui répond : « Voilà l’œuvre que j’attendais… le parfum de ton livre ne s’évaporera pas en mille ans », il se souvint alors qu’en 1839 dans une Ode des Recueillements poétiques le poète parisien versifiait :

« Ecoute le vin des vendanges
Qui monte du pressoir voisin ;
Vois les sentiers rocheux des granges
Rougis par le sang du raisin ».

Cent cinquante ans … la fi liation s’établit quand Frédéric MISTRAL déclare que dans sa désolante histoire d’amour qui s’achève dans le drame il a distillé deux éléments essentiels de la vie : le cœur et l’âme. LAMARTINE poursuit et évoque le parfum (c’est la troisième force) de la « saga » où la fi lle d’un ramasseur de biens ne peut épouser un vagabond. Mais plongeons-nous à présent en 2007 au sein du terroir Gigondas-Les Goubert ; Jean-Pierre Cartier intègre son vignoble avec une parfaite maîtrise en réussissant à le parachever quand il conçoit l’élaboration d’un breuvage à partir du sang de la treille.

Son art, il le cultive lors du repos végétatif de la vigne et la Cuvée Florence, fi lle d’Osiris, de Dionysos ou de Bacchus s’endort à l’image de la Belle au Bois Dormant dans une niche parfumée : les fûts de chêne.

Puis il prolonge l’occasion d’accéder au rituel, au visuel, à l’olfactif et au gustatif dans le choix de ses Appellations «Villages» Sablet et Beaumes de Venise. Afin de chanter l’amour dans une poignante mélodie, suivez les traces de BAUDELAIRE (1868) :

« Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin »,

en humectant vos lèvres dans un verre de Viognier surtout quand un sentiment de contentement déchire les yeux de Jean-Pierre Cartier.

En souvenir de quelques grappes abandonnées jadis par un homme au creux d’une roche, arrosées par la pluie puis réchauffées par le soleil, je n’aurai cesse dans le calme et la paix d’améliorer les crus que je vous propose ne serait-ce que, comme le disait HERODOTE, pour vous faire aimer le vin. Je souhaite, Madame, Monsieur, Chers Clients, vous associer aux charmes imprévus créés par la transformation du raisin en vin…

Mais au fait n’ai-je pas épousé « Mirèio » devenue :
« moun cor e moun amo » ?

Jean-Pierre et Mireille Cartier