Gigondas, le 21 octobre 1996

Cher Client,

« Aussitôt que la lumière
Vient redorer les coteaux,
Poussé d’un désir de boire
Je caresse les tonneaux ».

écrivait au XVIIème siècle un poète maintenant inconnu Adam BILLAUT.

Et si je vous avouais que chaque jour moi aussi j’ai envie de « caresser » mes tonneaux; pourquoi ? Mais tout simplement parce que dans le calme sépulcral de leur impressionnante froideur ils vivent… Paradoxe de l’immobilisme et de la vie… Seul un poète peut exprimer une telle idée à l’apparence saugrenue… Mais non…

Cette merveilleuse enveloppe dénommée tonneau transmet au vin qu’elle emprisonne l’inexprimable senteur des forêts où son bois a vécu, les inestimables embrasements de leurs fougueuses nuits, les incalculables milliards de calories solaires emmagasinées au sein de leurs écorces et le serein apaisement des immenses solitudes.

Et, dans une patiente autant que lente passion le vin absorbe chacune des vitales parcelles qu’exhale le tonneau. Désormais le couple est formé, uni par d’indissolubles liens pour s’acheminer, j’oserai dire main dans la main, vers une perfection où la musique du vin réjouira le cœur.

Je me permets donc, Cher Client, de vous proposer de partager avec moi les instants de folies amoureuses que j’éprouve au contact de « mes tonneaux » dans lesquels vous retrouverez notamment la Cuvée Florence, production forcément limitée, réservée à une clientèle d’amateurs fidèles, élevée à l’ancienne selon des méthodes hautement naturelles et mise en bouteilles à la propriété.

Je n’omettrai pas d’y associer mon Gigondas rouge (sobre et mystérieux) ainsi que mes appellations « Villages » Sablet et Beaumes de Venise dont la fierté et la finesse ne sont plus à souligner. Je parachèverai l’horizon de ces insidieuses caresses en vous demandant de ne pas refuser de goûter aux charmes et aux tentations de mon Viognier.

Dévoué à vos ordres et entièrement à votre service, je vous prie d’agréer, Cher Client, l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Jean-Pierre CARTIER